Réécriture des p. 54-55 de "On s'embrasse pas ?"

Publié le par C.D.I. du lycée Voltaire

P54 à 56

de  « un moteur d'autobus »

à « à tout à l'heure tonton »


Assise dans l'autobus, je regardais négligemment le paysage défiler à le fenêtre. Je m'imaginais que l'on continuerait à rouler sans nous arrêter à la maison habituelle. Mais ma sœur, assise à mes côtés, me tapa l'épaule, signe qu'il fallait descendre et oublier mes envies de voyages. Je suivie donc Isabelle hors du bus, puis sur le court chemin qui nous reliait à Maman. Les mêmes gestes répétés inlassablement depuis des années et dont j'espérai sortir le plus rapidement possible. Malgré ce goût d'habitude, il y avait un détail de changé, Maman avait sur le visage comme une expression d'urgence. Ni ma sœur ni moi n'eûmes le temps de poser de question qu'elle nous avait lancé cette nouvelle : L'homme de la photo du salon, cet oncle que je n'avais connu qu'au travers de mots mesurés et de regards furtifs entre ma mère et ma grand mère, ce même homme là se trouvait dans notre cuisine. Si Isabelle ne marqua aucune émotion particulière, l'enthousiasme m'envahit aussitôt. J'avais pu, grâce à des insinuations entendues, recréer des parcelles de la vie de cet homme, surtout le principal : il était parti. Un jour il avait tout quitté pour tout recommencer, éternel nomade, il ne restait jamais bien longtemps au même endroit. Et cela me fascinait, il avait réalisé mon rêve, partir de cette vie monotone et j'avais hâte de voir comment était cet homme après toutes ces années de voyages. Je franchis l'entrée en compagnie de ma mère et ma sœur, puis arrivai dans la cuisine. Au milieu de ce décor trop familier, je le remarquai tout de suite. Assis, une bière devant lui, il avait l'air désintéressé de ce qui l'entourait, portant sur le visage ce léger semblant de dédain des personnes qui ont vu beaucoup mais qui pensent que les autres ne peuvent pas comprendre. Je dû faire un effort pour retrouver chez cet homme celui de la photo, puis je vis une fossette, un légère cicatrice et les deux images s'assemblèrent. Il détonait tant dans l'univers bien rangé de ma mère avec son air un peu sale et voyou que je l'appréciais sans même le connaître. Ma sœur s'approcha tendit la joue et tressaillit. Je fis les mêmes gestes qu'elle et compris, il avait les lèvres humides de bière. Il y eu un bref silence.

- On a souvent parlé de vous à la maison.

Menteuse quand il le fallait, ma sœur disait toujours ce qu'on attendait d'elle, chose que je ne savais pas faire. 

- Vous ne ressemblez pas à la photo, dis-je plus pour meubler le silence que par réelle nécessite, même s'il est vrai que j'aurai aimé retrouver l'homme jeune dont mes rêveries s'étaient inspirées.

- Forcément, réagit vivement ma mère, elle a presque 20 ans la photo !

- Ça veut dire quoi « je ressemble pas à la photo » ?

Que pouvais je lui répondre ? La seule vérité qui m'eut réellement déçue.

- Vous êtes plus vieux.

Au moment où je dis ces mots, je me rendis compte que finalement, cela n'avait pas d'importance et ma bêtise me fit rire. Il sembla se détendre imperceptiblement et demanda comment se passait l'école. Question banale et inutile mais elle occupait l'espace. L'école n'avait pas de signification pour moi, le but que je pourchassais n'avait pas besoin de la théorie qu'on m'y apprenait. Je lui offrit néanmoins une réponde.

- Bof... couci-couça.

- Ah non, s'exclama-t-il, c'est plutôt couci ou couça ?

Je ris et senti ma sœur en faire autant, se détendant pour la première fois de cette rencontre que ma mère stoppa en annonçant les préparatifs du repas. Suivant le train-train quotidien presque malgré moi, je lui proposai de l'aide. Isabelle et moi sortîmes mais je ne pus m'empêcher de me retourner.

- A tout à l'heure, tonton "

Adèle C. 1L2

 

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