Juarez

Je donnerais comme nouveau titre à cette bande dessinée «Les disparues de Juarez» afin de mieux guider les lecteurs sur le thème choisi et leur donner envie de lire ce livre en les
intrigants d'avantage.

Juarez est une ville au nord du Mexique, qui est devenue depuis 1993 le théâtre de violences et de meurtres sur ses habitantes. C’est donc dans la peur et l’incompréhension que la population survit. Un jour Gaël, un jeune homme débarque à Juarez en prétendant chercher sa sœur Gabriela qu’il n’a pas vue depuis des années. Seul problème, celle-ci a disparu depuis quelque jours…Gaël va donc mener sa propre enquête pour retrouver cette sœur dont il ne connait plus grand-chose. Il apprendra par une amie que Gabriella avait depuis quelques temps rejoint une association qui tente de faire éclater la vérité sur ces assassinats terrifiants. De plus il rencontrera Joaquim le fiancé de Gabriela, un policier qui ne parait pas très déterminé à rechercher sa fiancée. Gaël devra donc continuer ses recherches dans une discrétion absolue afin de ne pas se faire trop remarquer car le moindre faux pas pourrait lui coûter la vie...

C’est donc une histoire remplie de rebondissements que nous dévoile Nathalie Sergeef l’auteure de cette bande dessinée Juarez qui aborde le même thème que Edmond Baudoin dans Viva la vida: Los suenos de cuidad Juarez qui raconte le voyage de deux hommes dans cette dangereuse ville et leur rencontre avec quelques habitants. Accompagné par quelques flash-back bien placés, le scénario suit un parfait déroulement qui nous mènera à une fin surprenante et renversante. Nathalie Sergeef dénonce donc à travers ce thriller une réalité révoltante du Mexique que subissent depuis trop longtemps les habitants de Ciudad Juarez. Cette ville est dirigée et organisée de façon à ce que les trafiquants puissent mener leurs magouilles comme ils le souhaitent et que les «maquiladoras», immense usines d’assemblage de produits électroménagers et électroniques, employant des milliers de femmes, puissent fonctionner sans obstacles. Pour cela, de nombreux policiers sont corrompus et adhèrent malheureusement à ce mode de fonctionnement.

Au niveau du graphisme, on constate un coup de crayon très fin et détaillé, accompagné par des couleurs vives et chaleureuses. Ce travail est réalisé par Corentin Rouge, un jeune dessinateur français qui a su mettre son talent à contribution. Toutefois on remarque que lors des flash-back les couleurs sont atténuées afin de bien faire la différence entre le présent et le passé. Corentin Rouge utilise donc des couleurs jaunâtres, bleuâtres ou verdâtres avec souvent une touche de couleur plus vive comme le rouge pour renforcer ces passages-là.

J’ai trouvé la lecture de cette bande dessinée très agréable et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Je n’étais pas une grande lectrice de bande dessinée et j’ai trouvé que le rythme du scénario était entrainant, captivant, que les personnages donnaient beaucoup de réalité à cette histoire tirée d’un fait réel. Je ne pensais pas que de nos jours au Mexique des femmes vivaient de telles horreurs. Les personnages de ce thriller sont très intrigants, on les découvre au fur et a mesure de notre lecture. Il y a en eux beaucoup de mystère. De plus, les dessins des personnages correspondent totalement à leurs personnalités. Leurs traits de visage sont très réussis et très expressifs ce qui les rend très réels et les rapproche des lecteurs.