Epouvante et curiosité

Publié le par Bérénice L.

 

hideout.jpgSeiichi, écrivain de profession et sa femme Miki, particulièrement dépensière, partent en vacances dans l’espoir de retrouver leur complicité, effacée par les années et les disputes. Tous deux ayant des caractères diamétralement opposés et un passé très lourd, la situation s’enflamme vite. Un voyage, une voiture, une panne, une grotte, un monstre, un retournement de situation… tout bascule alors dans l’horreur. Ils vont vivre un cauchemar éveillé, perdant toute humanité dans le seul but de survivre. Mais ils ne sont pas à l’abri d’y laisser leur vie, ainsi que leur esprit. En effet, une étrange présence sanguinaire habite cette grotte aux décors macabres, et Miki et Seiichi vont rapidement faire sa connaissance.  


Hideout est un manga d’horreur de Masasumi Kakizaki. Cette histoire, relevant de l’imaginaire, avec ses illustrations sanglantes, provoque ce sentiment de peur, d’adrénaline. Il est très prenant, il nous pousse à la curiosité, peu à peu on fait de nouvelles découvertes, on progresse avec les personnages. L’histoire est organisée comme un puzzle, autant par les images, que par son déroulement. Les liens entre les éléments se mettent peu à peu en place dans notre esprit, par l’intermédiaire des flashbacks qui nous dévoilent au fur et à mesure la vie que menaient Miki et Seiichi. On s’intéresse d’ailleurs tout de suite à ce couple d’apparence banal, on comprend pourquoi ils en arrivent finalement là, pourquoi une telle rage les anime. Ce n’est que l’instinct de survie, le désir de vengeance, d’oublier, d’aller de l’avant l’un sans l’autre, car à rester tous les deux, ils se gâchent. On voit ce père dévoué être accusé d’égoïsme, chercher à tout prix du réconfort tandis que tout le monde se ligue contre lui. Cet ouvrage joue vraiment sur la psychologie du personnage. Sur ses souvenirs, sur ce présent irréel, macabre. Peu à peu la peur laisse place au désespoir, et cette tristesse les rends insensibles à la douleur, efface leurs sentiments. On voit cet homme se transformer psychologiquement, tomber dans cette folie tant il est dépassé par les évènements, par sa vie. Dans les paroles des personnages, et même dans la narration faite par Seiichi, on perçoit un certain sadisme, une rancœur. Il sombre peu à peu dans la cruauté. On pourrait avoir pitié d’eux, mais la violence des personnages fait pencher notre jugement, on s’interroge sur l’issue de cette histoire et la chute nous surprend. Ce qui renforce l’effroi, c’est le réalisme des graphismes, bien sûr conservant tout de même l’aspect manga, mais on voit qu’il y a un vrai travail sur les détails. Ce qui rend certaines images d’autant plus choquantes. Comme ces doubles pages effrayantes, où on voit le regard fixe de cet horrible monstre mi-homme, mi-cadavre nous observer. Cela nous implique indirectement dans l’aventure. Les flashbacks fréquents sont aussi très intéressants, le passé s’illustre par des cases claires, tandis que le présent est très sombre. Il y a aussi ces gros plans de caméra qui nous font remarquer un détail, puis s’éloignent peu à peu pour qu’on découvre la scène dans son ensemble. Cela créé un réel suspense, et renforce l’effroi.

Ce livre aurait très bien pu être adapté en tant que film d’épouvante, mais difficilement en roman car il n’y aurait moins cet aspect de surprise, ce puzzle qui se résout au cours de la lecture, de plus, certains éléments nous échapperaient, seraient difficiles à imaginer. Les illustrations jouent sur l’horreur, elles sont repoussantes, représentent des scènes violentes, où le sang et la mort sont présents abondamment. Et les images choquent parfois plus que les mots. Mais ce manga est vraiment très plaisant à lire, et cette histoire surréaliste nous pousse à le lire jusqu’au bout, on ne se rend pas compte de la vitesse à laquelle les pages défilent. Il n’y a pas besoin d’être forcément amateur d’horreur pour apprécier, il faut simplement une bonne dose de curiosité.

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